Texte : Laurent Pennequin ; Photos : Peugeot S.A. et ses filiales, Musée Peugeot
En cette année 2015, nous fêtons les anniversaires de nombreuses Peugeot : les 60 ans de la 403, les 50 ans de la 204, les 40 ans de la 604, les 30 ans de la 309, les 20 ans de la 406 et même les 10 ans de la petite 107. Peugeot est ma marque française préférée, de peu devant Citroën mais loin devant Renault. Nous allons voir que l’évolution des modèles du constructeur sochalien après 1950 a suivi l’enrichissement de la société française.
Des appellations simples mais pas si logiques
Le système de numérotation des modèles Peugeot est simple. Il est composé de trois chiffres. Le premier donne la hiérarchie dans la gamme de 1 à 6. Le second est un zéro immuable. Le dernier reflète la période de production, plus il est petit, plus la voiture est ancienne et inversement. Ainsi le 1 et le 2 sont pour les années 1930. Le 3 indique les années 1950. Le 4 est pour les années 1960 et 1970. Le 5 symbolise les années 1980. Le 6 représente les années 1990. Le 7 signifie les années 2000. Enfin, le 8 est pour les années 2010.
Les limites du système sont désormais atteintes en raison de l’élargissement de la gamme et de l’accélération du renouvellement des modèles. Ainsi le double zéro central est apparu sur certains modèles. De même les Peugeot 308 et 408 en sont à leur seconde génération.
Mais ce principe d’appellation, simple en apparence, peut semer une certaine confusion en remontant dans le passé.
Exemples :
La 203 est-elle l’ancêtre de la 208 ?
La 508 est-elle la descendante de la 504 ?
La 106 a-t-elle succédé à la 104 ?
Nous allons proposer plusieurs lignes généalogiques de Peugeot pour déterminer l’ordre de succession des modèles.
Commençons par la 203, quelle est la suite logique d’après vous ?
- 203 > 204 > 205 > 206 > 207 > 208
- 203 > 403 > 404 > 504 > 505 > Fin
Nous penchons pour la deuxième réponse. La 203 a été la première Peugeot d’après-guerre. C’était une voiture moyenne supérieure. Sa remplaçante fut la 403 classée dans la catégorie intermédiaire entre les moyennes et les grandes. Elle marqua une montée en gamme tout comme le modèle suivant la 404. La 504 respecte aussi cette logique. Ainsi en l’espace de 20 ans, entre 1948 et 1968, le cœur de gamme Peugeot passe de la catégorie 7CV (moteur 1,3L sur la 203) à la catégorie 10CV (moteur 1,8L sur la 504) en passant par la classe des 8CV (moteur 1,5l sur la 403) et des 9CV (moteur 1,6L sur la 404).
Poursuivons par la 508, quel est la chronologie correcte des modèles ?
- 508 > 505 > 504 > 404 > 403 > 203
- 508 > 407 > 406 > 405 > 305 > 304 > 204
La suite logique est là encore la seconde. Ainsi la Peugeot 204 est l’ancêtre de la 508. Cette lignée de modèles a évolué du segment des moyennes inférieures au segment intermédiaire qui fut aussi celui des 504 et 505.
Finissons avec les 104 et 106
- 104 > 106 > 107 > 108
- 104 > 205 > 206 > 207 > 208
Ici les deux enchaînements sont valables. La 104 a existé en carrosserie berline et en carrosserie coupé. Ces deux carrosseries étaient sur deux segments différents : la berline dans le B et le coupé, beaucoup plus compacte, dans le A. La 205 prit donc la succession de la 104 berline. La 106 prit celle de la 104 coupé après un interruption de 3 ans entre 1988 et 1991.
Les lignées de Peugeot
En fait, l’évolution de la gamme Peugeot ne s’est pas faite au sein de chaque segment du marché automobile. Ceci peut se constater jusqu’aux années 1990. Le remplacement d’un modèle s’accompagnait souvent d’une montée en gamme. Peugeot suivait ainsi la progression du pouvoir d’achat de ses clients.
Ainsi, de nouveaux modèles sont apparus comme des ruptures quand Peugeot décidait d’investir un segment de marché inférieur délaissé au fur et à mesure de la montée en gamme.
Voici donc les quatre lignées de modèles Peugeot qui s’étalent sur plusieurs segments et les ruptures permettant le retour sur un segment plus bas en gamme.
Lignée n° 1 : des moyennes supérieures aux grandes voitures haut de gamme
Variante lignée n° 1 suite à une montée en gamme
Rupture et lignée n° 2 : des moyennes inférieures aux intermédiaires
Rupture et lignée n° 3 : des petites voitures aux moyennes inférieures
Variante lignée n°3 de petites voitures héritières de la 205
La Peugeot 301 pourrait figurer dans cette lignée. Cette variante tricorps est basée sur la plate-forme de la Peugeot 208.
Lignée n° 4 sans montée en gamme : les minis
Une marque conservatrice
Trop souvent, le mot conservateur est associé à une absence de progrès voire à une nostalgie du passé. Dans le cas de Peugeot, il s’agit plus de maintenir au catalogue des modèles fiables et éprouvés. Ces voitures sont encore appréciées par une clientèle non avide du dernier objet à la mode. Elles convenaient aussi très bien aux marchés lointains où la fiabilité était plus importante que le dernier gadget disponible.
Peugeot a donc souvent pratiqué le chevauchement d’un modèle avec son remplaçant. Voici quelques exemples :
La 203 a survécu 5 ans à la 403.
La 403 a survécu 7 ans à la 404.
La 404 a survécu 20 ans à la 504.
La 204 a survécu 7 ans à la 304.
La 504 a enterré sa descendante la 505 dont la production s’arrêta en 1999 tandis que la 504 fut produite jusqu’en 2006.
La 104 a survécu 5 ans à la 205.
La 405 a supplanté ses deux héritières : la 406 arrêtée en 2008 et la 407 arrêtée en 2011.
La 307 fut proposé dans une version Cross en Chine jusqu’en 2014 cohabitant avec les deux 308.
Et encore aujourd’hui, la première 308 (T7) reste toujours disponible en Amérique du Sud (berline hatchback) et en Chine (berline tricorps). Nous présentons ci-dessous les catalogues de ces deux voitures sur leur marché respectif.
Des carrières longues
Nous remarquons aussi que Peugeot est un constructeur qui fait durer ses modèles après leur retrait du marché européen. Ainsi les modèles suivants ont survécu de nombreuses années après leur retrait des catalogues en Europe.
La Peugeot 405 : 25 ans de carrière et de succès hors d’Europe en Iran (assemblage chez Iran Khodro). Au cours de sa carrière, la Peugeot 405 fut produite 4 années à plus de 300000 exemplaires : en 1988 (année post-lancement), en 1989 (année record), en 1990 (avant la crise du début des années 1990) et enfin en 2010 avec 302235 exemplaires produits, 23 ans après son lancement. C’est la 4ème meilleure année de production du modèle. Impressionnant pour une mamie non, mais vous verrez que la 405 n’est toujours pas morte bien que sa production ait été officiellement arrêtée par Peugeot en 2012. Sur ce sujet, je vous recommande cet article.
La Peugeot 504 : 23 ans de carrière et de succès hors d’Europe en Argentine mais aussi en Chine et au Nigéria. La production s’arrête définitivement en 2006.
Le Peugeot J9 : 19 ans de carrière et de succès hors d’Europe en Turquie (assemblage chez Karsan). La production s’arrête définitivement en 2010.
La Peugeot 404 : 13 ans de carrière et de succès hors d’Europe en Argentine et en Afrique. La production s’arrête définitivement en 1988.
Pour finir, voici les trois catalogues de la Peugeot 405 disponible sur le marché iranien pour l’année modèle 2007. Vous remarquerez que les versions 405 GLX et Roa sont surélevées par rapport à la 405 Pars. Ces modèles sont en fait des propulsions. Iran Khodro, leur constructeur, a en effet adapté la plate-forme de la Paykan à la carrosserie de la Peugeot 405. La Paykan était la version iranienne de l’Hillman Hunter produite en Angleterre entre 1966 et 1979. Iran Khodro la produisit entre 1967 et 2005. Nous remarquons d’ailleurs le pont arrière sur la photo de la couverture du catalogue de la Roa. Vous pourrez en apprendre plus ici sur la Peugeot 405RD (RD pour rear drive, roues arrières motrices).