Texte : Laurent Pennequin ; Photos : Martial Marrocco
Par une belle journée printanière, nous avons organisé une rencontre entre deux autos ayant 60 ans d’écart. Tous les deux sont des Renault, possèdent quatre portes et un moteur en porte-à-faux arrière. Ce sont des points communs intéressants mais ce sont à peu près les seuls.
Le rapprochement d’une moderne et d’une ancienne, conduit souvent à la même remarque : ô combien les voitures ont grossi.
Notre Twingo de 2016 est la troisième génération du modèle. Elle marque une rupture avec son prédécesseur. Elle est ainsi désormais dotée de quatre portes. Son moteur est passé de l’avant à l’arrière. C’est la première Renault propulsion depuis l’arrêt de la Renault 8 si l’on excepte les très exclusives Renault 5 Turbo, Renault Clio Sport V6 et Renault Sport Spider.
Ce changement radical de philosophie ne provient pas d’une volonté d’innovation absolue mais plutôt d’un certain opportunisme industriel dans le but de réduire encore et toujours les coûts. En effet, la dernière Twingo partage sa plate-forme avec les Smart Fortwo et Forfour. Cette-dernière est d’ailleurs produite sur les mêmes chaînes que la Twingo dans l’usine Renault de Novo Mesto en Slovénie.
Le style de l’auto est néanmoins sympathique. Ce caractère est encore renforcé par le bouilleur de la Twingo. Nous sommes en présence d’un moteur trois cylindres turbo pétillant de santé de 898cc et développant 90ch ECE. Cette mécanique est joueuse et aime prendre des tours. Malheureusement une position de conduite trop haute gâche le plaisir de conduite. Le train avant dégage un sentiment de flou au-delà de 110km/h.
Cette Twingo-là est conçue avant tout pour la ville où son diamètre de braquage record lui permet de se faufiler partout. Mais il ne faudra pas partir en vacances avec, d’autant plus que son coffre possède une capacité réduite en raison de la présence du moteur à l’arrière. Sous le capot avant, on ne trouve que des accès pour contrôler les fluides mais point de place pour d’éventuels bagages. Le capot avant ne peut d’ailleurs pas se relever à l’aide de vérins. Il se détache simplement et se dépose à terre.
Mais passons à la star de ce comparatif intergénérationnel : la 4CV. Sur des critères purement objectifs, la Twingo distance son aïeule à tout point de vue. Mais le coup de cœur va tout de même à la 4CV.
Il faut dire que le modèle que nous vous présentons aujourd’hui possède une histoire exceptionnelle. Jacques est en effet le deuxième propriétaire de la voiture, le premier ayant été son grand-oncle. Dans cette auto de famille, le petit Jacques se tenait debout derrière les sièges avant pendant que son tonton l’emmenait promener.
Cette 4CV a été immatriculée le 24 octobre 1956. Elle approche donc de son 60ème anniversaire. Il s’agit d’une version R1062 Sport équipée du toit ouvrant. L’appellation Sport est trompeuse puisque le moteur se contente de 21ch comme dans la version Grand Luxe. Dans les deux cas, nous ne pouvons que constater l’optimisme des services marketing de la Régie Renault dans les appellations utilisées. La 4CV Sport pouvait atteindre 100km/h en vitesse de pointe.
Ce millésime 1957 dispose du nouveau tableau de bord, préfigurant celui de la Dauphine, et disponible depuis la fin de 1955. De nombreux détails pourtant anachroniques donnent le sourire à celui qui observe cette voiture. Les roues symbolisent des étoiles. Sur le tableau de bord, une plaque au nom du propriétaire a été apposée. Ceci était très à la mode dans les années 1950. La poignée d’ouverture du capot avant et le bouchon du réservoir d’eau sur le capot arrière ont un charme fou. Les phares additionnels Cibié-Marshall sont d’époque. La boîte de vitesses à commande mécanique dispose de trois rapports, le premier n’étant pas synchronisée. Une conduite dérive l’air chaud du compartiment moteur pour permettre le chauffage de l’habitacle.
Après 20 ans de bons et loyaux services, cette Renault 4CV se retrouve immobilisée au décès de son premier propriétaire en 1976. Jacques entreprend de redémarrer l’auto en 1985. Cela se fait avec une facilité déconcertante : de l’essence, une nouvelle batterie, un coup de brosse métallique sur les bougies, et la voiture repart au quart de tour. La peinture est refaite à ce moment-là en respectant sa teinte d’origine codée 659-S1. Plus tard, la mécanique est reconditionnée. Aujourd’hui le kilométrage estimé de la voiture est de 75 000 km. Pourquoi cette estimation, tout simplement parce que le câble du compteur kilométrique a décidé de ne plus remplir sa fonction au bout d’un certain temps.
En 2008, Jacques décide de participer au Rallye Monte Carlo historique de 2008 avec sa 4CV de 1956. Le départ est donné à Reims. Le commissaire de course demande si l’auto et son conducteur ont déjà participé à un rallye historique. Mais nous sommes en présence d’un baptême du feu pour l’homme et sa monture. Une belle réponse fuse alors de la part du commissaire : « Bonne chance ! ». L’allumage des phares de la voiture équipée, d’une dynamo d’origine reconditionnée, la fait alors caler. Elle repart et achèvera le parcours non classé mais en ayant reçu de nombreux applaudissements des spectateurs le long du parcours.
Au moment de repartir, le photographe est tombé amoureux de cette 4CV. C’est pourtant un grand amateur de propulsion équipée de moteur six cylindres en ligne mais c’est surtout un passionné de bagnole qui n’a pas résisté à cette petite voiture populaire française.
Nous apercevons alors une autre rareté…une Renault 5 Alpine, mais ce sera l’objet d’une autre histoire…
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