Citroën Méhari contre Renault Rodéo : joindre l’utile à l’agréable

Texte : Quentin Pannaud – Photos : Citroën et Renault

En cette période de vacances, et alors que l’été s’annonce beau et chaud, quoi de mieux que de découvrir (ou redécouvrir) deux véhicules tricolores qui arpentent nos plages depuis plus de 40 ans ? La Citroën Méhari, leader dans cette catégorie nous vient évidemment tout de suite à l’esprit, mais un autre véhicule, français lui aussi, est susceptible de vous faire tourner la tête cet été : la Renault Rodéo.

Les origines

La Méhari a été lancée par Citroën en 1968. Révolutionnaire dans sa conception et son usage, elle se démarque à l’époque par sa carrosserie 100% plastique, lavable au jet d’eau, une première ! Sous ses airs de véhicule inédit, il s’agit en réalité d’un cocktail bien réussi de ce qui se fait chez Citroën à cette période : plateforme et suspensions de la 2CV, moteur de l’Ami 6, phares avant de la Dyane, et feux arrière du Type H. Tout dans sa conception a été pensé dans une logique de réduction des coûts de fabrication. Tant mieux pour nous, puisqu’il en résulte un véhicule bon marché, modulable à souhait, à la mécanique simple et aux pièces facilement remplaçables. Initialement présentée dans la gamme utilitaire, elle s’est embourgeoisée au fil du temps pour devenir en fin de compte une référence parmi les voitures de loisirs.

La Rodéo quant à elle n’arrive que deux ans plus tard, en 1970. Conçue par le carrossier ACL (futur Teilhol) et vendue par Renault, elle concurrence directement Citroën en proposant des caractéristiques similaires à la Méhari. Également établie sur une base de voiture populaire, la Renault 4 Fourgonnette en l’occurrence, elle propose une carrosserie facilement transformable selon les usages. Découverte ou entièrement bâchée, la Rodéo évolue facilement pour s’adapter à toutes les situations, ce qui en fait une alternative tout à fait convenable à la reine de la catégorie.

Le duel

Malgré le fait qu’elle soit basée sur une plateforme de fourgonnette, la Rodéo ne diffère cependant pas vraiment de la Méhari en termes de dimensions. Certes plus longue de 16cm, elle conserve pourtant le même empattement, la même largeur et la même hauteur que sa rivale, difficile donc de les distinguer sur le plan de l’habitabilité ! C’est plutôt au niveau technique que la différence est notable, puisque le petit bicylindre de la Méhari, qui ne développe que 28,5ch pour 602cc, la rend moins nerveuse et plus pataude, contrairement à la Renault qui, avec son 4 cylindre de 34ch et 845cc permet une conduite plus dynamique. Cela est à tempérer par le poids, puisque la Rodéo pèse 100 kg de plus que la Citroën. Elle propose également une transmission intégrale en option pour une meilleure versatilité, lui permettant en outre de se faufiler sans peine hors des sentiers battus.

Au niveau du confort en revanche, il n’y a pas photo, c’est la Méhari et son système unique à batteurs, avec des bras de suspension latéraux et des amortisseurs à friction qui offre un agrément inégalé aux passagers, contrairement à la Rodéo qui se contente de barres de torsions à l’avant et à l’arrière, délivrant un confort plus ferme. Sur le plan de la tenue de route, la disposition du bicylindre à plat de la Citroën, combiné à son excellente suspension, lui permet de coller à la route. Bien que d’un très bon niveau, il est difficile pour la Renault de faire mieux sur ce point !

Cette dernière se rattrape toutefois sur sa carrosserie, plus robuste. Composée en effet de fibres de verre et non pas de plastique ABS comme celle de la Méhari, la Rodéo résiste mieux aux chocs et ne rencontre pas le problème de plastique fissuré récurrent sur la Citroën.

Données techniques	Citroën Méhari	Renault Rodéo
Carrosserie	Découvrable 2 portes2 places ou 4 places	Découvrable 2 portes2 places ou 4 places
Longueur	353cm	366cm
Largeur	153cm	166cm
Hauteur	159cm	160cm
Empattement	240cm	Droit : 245cmGauche : 240cm
Garde au sol	17,5cm	17,5cm
Poids	525kg	655kg
PTAC	925kg	1050kg
Moteur	2H 602cc	4L 845cc
Carburant	Essence	Essence
Puissance	28,5ch à 5750tr/min	34ch à 5000tr/min
Taux de compression	8,5 :1	8.0 :1
Distribution	1 arbre à cames central entraîné par pignons	1 arbre à cames latéral entraîné par chaîne
Alimentation	Carburateur	Carburateur
Transmission	Traction avant	Traction avantIntégrale disponible
Boîte de vitesses	M4	M4
Suspensions avant et arrière	Roues indépendantesBatteurs à inertie Amortisseurs à friction Suspensions latérales	Roues indépendantesBarres de torsions
Freins avant et arrière	Tambours	Tambours
Vitesse maximale	100km/h	100km/h
Consommation normalisée	6,1l/100km	7,6l/100km

Renault Rodeo

Citroën Mehari

Le bilan

Difficile de départager les deux françaises tant elles défendent chacune de bons arguments. Légère et habile pour la Méhari, puissante et robuste pour la Rodéo, toutes deux joignent l’utile à l’agréable en proposant des carrosseries originales et des habitacles facilement transformables pour s’adapter à n’importe quel usage. À l’image de la race de dromadaire dont est tiré le nom « Méhari », elles se révèlent pratiques, ludiques, et endurantes. Elles sont appréciées tant par les professionnels que par les particuliers. Elles disparaissent toutes deux du catalogue en 1987, après s’être écoulée à 60 000 exemplaires pour la Rodéo, et à près de 145 000 unités pour la Méhari.

Le verdict

Citroën a assurément pris un gros risque en présentant sa Méhari en 1968. Qui aurait pu prévoir qu’un véhicule si rustique, à la mécanique primaire et à la carrosserie plastique plairait à ce point au public ? Le constructeur aux chevrons, cassant tous les codes automobiles de l’époque, a eu l’audace de proposer une voiture vraiment novatrice. Et ça, aucune voiture concurrente aussi réussie soit elle, ne peut le remplacer. À l’heure où les constructeurs automobiles ne jurent plus que par les SUV, le coup de poker de la Méhari reste un exemple à suivre. C’est donc évidemment pour la Citroën que mon cœur penche, car la Renault, même si bien finie, ne s’est contentée que de reproduire ce qui existait déjà.