Rien ne laissait présager à l’origine que la famille Lancia, de riches d’industriels Turinois ayant fait fortune dans le commerce de soupes, se lance dans l’aventure automobile. Pourtant, c’est sous l’impulsion de Vincenzo Lancia, le cadet des quatre fils, embauché depuis 1899 chez FIAT comme testeur puis comme pilote de course, que naît la firme homonyme en 1906. Après deux ans de développement, la toute première automobile Lancia est présentée au grand public lors du Salon automobile de Turin de janvier 1908 : il s’agit de la 12HP. À peine dévoilé que le modèle a déjà droit à son lot de surnoms, et notamment celui de « Lancia Alpha » (ou « Alfa »), en référence à la première lettre de l’alphabet grec, et pour souligner le fait qu’il s’agit du tout premier modèle de la marque. Vincenzo Lancia voit en ce surnom un excellent thème pour ses futurs noms de modèles, et décide dès lors d’harmoniser toute sa future gamme autour du thème de l’alphabet grec.
Débute alors une folle série de modèles suivant cette nomenclature : la Beta est dévoilée en 1909, vient ensuite la Gamma en 1910, la Delta en 1911, l’Epsilon, la Zeta et l’Eta en 1912, ou encore la Thêta en 1913 ! Mais si les noms sont différents, les modèles ne le sont quant à eux presque pas, puisqu’il s’agit en réalité ni plus ni moins que des Alpha à la puissance modifiée !
Les années 20 marquent une période de prospérité pour Lancia, qui continue de développer des modèles toujours plus puissants et toujours plus luxueux (la Kappa, la Lambda …). L’année 1931 et la sortie de l’Artena marquent une rupture avec l’alphabet grec pour les dénominations des modèles, tout comme l’Astura qui est présentée l’année suivante (il faudra attendre 41 ans avant de revoir apparaître cette nomenclature).
En 1937, Vincenzo Lancia est terrassé par une crise cardiaque, et c’est son fils Gianni qui prend les rênes de l’entreprise familiale. L’ère Jano débute et atteint son sommet au lancement de l’Aurelia en 1950. La famille Lancia revend l’entreprise en 1955 au millionnaire, Carlo Pesenti, qui entreprend dès lors un large plan de modernisation de la firme. Premier grand ménage : réorganiser le département design : Vittorio Jano est licencié et remplacé par Antonio Fessia, qui s’était fait connaître chez Fiat par le dessin de la 500 Topolino. S’en suit alors une belle période pour Lancia, qui renouvelle sa gamme, noue des partenariats avec les plus grands carrossiers italiens (Pininfarina, Touring, Zagato…), et se diversifie sur plusieurs segments différents (berlines, coupés, cabriolets, spiders…).
Rachetée en octobre 1969 par Fiat, Lancia devient au fil-des-années le porte-drapeau de la marque d’Agnelli, en développant des voitures plus raffinées, pour la plupart basées sur des mécaniques et des plateformes de sa société-mère. Les succès en compétition permettent en outre à Lancia de vanter plusieurs années durant la qualité de ses voitures, et de se mettre en avant sur la scène automobile. Ainsi en 1972, la Fulvia HF s’impose au championnat de monde des rallyes, puis vient la Stratos qui le remporte trois années de suite en 1974, 1975 et 1976, et continue à courir jusqu’en 1979. Mais c’est plus que jamais la Delta HF Groupe A qui assoit la popularité de la marque, en devenant championne du monde des rallyes, six années consécutives, entre 1987 et 1992.
L’entreprise profite de son succès pour continuer le développement de ses modèles, et étoffer sa palette de véhicules. Le segment des moyennes inférieures est ainsi investi dès 1979 avec les Delta et Prisma, celui des minis voitures, en 1985 avec la Y10, héritée d’Autobianchi, qui la vend sous sa marque sur de nombreux marchés, puis les monospaces en 1995 avec la Zeta, sans oublier les berlines intermédiaires, fers de lance de Lancia (la Thema en 1984, la Dedra en 1989, la Kappa en 1994, la Lybra en 1999). Mais les années 2000 essoufflent peu à peu le constructeur, qui malgré quelques nouveaux modèles (la Phedra en 2002, l’Ypsilon en 2003, la Musa en 2004), cesse d’innover et de proposer de nouveaux modèles vraiment exclusifs. Il y a bien une tentative en 2001 de renouer avec le haut-de-gamme, avec la sortie de la Thesis, mais en vain : le succès escompté est loin d’être au rendez-vous.
Battant dangereusement de l’aile, le coup de grâce lui est donné en 2010, lorsque FIAT rachète l’américain Chrysler : les activités européennes de ce dernier disparaissent et la relève est alors assurée par Lancia, qui distribue les anciens modèles Chrysler sous son nom. La Chrysler 200 devient Lancia Flavia, la 300, Thema et le Voyager…Voyager ! Lorsque la berline Delta disparaît en 2014 (elle est vendue en fin de carrière sous la marque Chrysler au Royaume-Uni), seule la petite Ypsilon, dernier modèle Lancia, bien que ses origines soient plus du côté d’Autobianchi et de Fiat, reste au catalogue.
Aujourd’hui Lancia est une marque en perdition, oubliée du groupe FIAT, qui n’existe dès lors plus qu’en Italie, avec un seul modèle (l’Ypsilon), et qui a abandonné tout espoir de retrouver son prestige d’antan. Nul doute de la voir rejoindre, d’ici quelques mois ou quelques années, le Panthéon des grandes marques italiennes, telles que Isotta Fraschini, ISO Rivolta ou encore l’inoubliable De Tomaso. Après plus d’un siècle de bons et loyaux services, on ne peut que regretter la disparition d’une marque aussi historique. Arrivederci Lancia, et merci !
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