Texte et photos : Laurent Pennequin
Sochaux, ville franc-comtoise et berceau de l’entreprise industrielle de la famille Peugeot, accueille le musée de l’Aventure Peugeot. Cette association a été fondée par Pierre Peugeot en 1982. Elle a pour but de valoriser le patrimoine et d’entretenir des liens d’amitiés entre les passionnés de la marque.
Le musée est situé à côté du site industriel PSA. Celui-ci est le plus ancien du groupe. Il fabrique désormais aussi bien des Peugeot que des Citroën. Cette usine peut se visiter en concomitance avec le musée.
Pour avoir fait les deux, je ne peux que vous recommander cette combinaison pour laquelle il convient de prévoir une demi-journée. Notre accompagnatrice lors de la visite de l’usine était parfaite nous apportant toujours l’information souhaitée. Nous avons pu passer au plus près des chaînes de production de la Peugeot 308 et les observer dans le détail à loisirs. Nous avons ensuite enchaîné avec le musée.
Peugeot : le plus vieux constructeur au monde encore en activité
La visite démarre avec les outillages et les cycles Peugeot mais les premières automobiles apparaissent rapidement. Je considère que Peugeot est le plus vieux constructeur automobile en activité puisque la marque fabrique des voitures depuis 1889. Certains m’objecteront que Mercedes-Benz a démarré son activité en 1886. Ceci est vrai pour les firmes Daimler et Benz prises séparément. Mais le constructeur actuel Mercedes-Benz n’est apparu qu’en 1926 au moment de la fusion des constructeurs précités.
Nous allons vous présenter quelques modèles au gré de nos déambulations dans le musée. Nous commençons avec une Peugeot type 139A Torpédo de 1913. La voiture mesure 4,50 mètres de long. Mon moteur 4 cylindres de 3,8 litres de cylindrée lui permet d’atteindre une vitesse maximale de 77km/h.
En 1920, Peugeot lance son nouveau haut de gamme : le Type 156. Cette voiture reçoit un moteur sans soupapes basé sur le système inventé par l’ingénieur Knight. Dans ce type de moteur, la distribution classique – par soupapes latérales ou soupapes en tête – est remplacée par des fourreaux mobiles percées de lumières. Ces fourreaux glissent alternativement dans le cylindre en dégageant ou obstruant les lumières d’admission et d’échappement. Le Type 156 est fabriqué à Sochaux de 1920 à 1923, en 180 exemplaires.
Au sortir de la première guerre mondiale, les moyens de la clientèle était réduits. Des modèles légers et économiques voient alors le jour. Un parfais exemple est la Peugeot Type 161 Quadrillette mesurant 2,95 mètres et dotée de deux places en tandem. Son moteur 4 cylindres de 667cc, propulsait la voiture à 60km/h. La Quadrillette a été à la mode au début des années 1920. Son prix réduit de 9400 francs en 1921 (équivalents à 10 280 euros actuels) lui a permis de s’écouler à 3500 exemplaires.
Ensuite une Peugeot Type 184, carrossée en conduite intérieure, nous invite à monter à son bord. Cette voiture de 1928 constituait le haut de gamme du constructeur sochalien. Elle est équipée d’un moteur 6 cylindres sans soupapes de 3,8 litres de cylindrée développant 80ch réels et d’une boîte à quatre vitesses. Le châssis nu avec sa mécanique était vendu au prix de 120 000 Francs équivalents à 73 600 Euros actuels. À ce prix-là, l’acquéreur devait ajouter celui de la carrosserie et des aménagements intérieurs de sa voiture. Le Type 184 n’a été produit qu’en 31 exemplaires entre la fin de 1927 et 1929.
Les flamboyantes années 1930
Je vous propose de revenir désormais à une voiture populaire lancée en 1929 pour le millésime 1930 : la 201. Ce modèle inaugure le système de nommage des différentes Peugeot avec un zéro central, qui perdure encore aujourd’hui. La première version de la 201 est fabriquée en 63 817 unités entre octobre 1929 et septembre 1932. Elle dispose d’un moteur 4 cylindres 1,1 litres. Le cabriolet représenté en photo valait 21 900 francs en 1929, soit 12 660 euros actuels, autant dire une bonne affaire.
En mai 1934, Peugeot lance son nouveau haut de gamme après deux ans d’absence dans le segment : la 601. De nombreuses carrosseries étaient proposées : berline, limousine familiale, berline aérodynamique, coach sport, coach profilé (un coupé fastback avant l’heure), coach décapotable et roadster. En revanche, une seule mécanique était proposée. Il s’agit d’un moteur 6 cylindres de 2148cc et 60ch.
Pour le millésime 1935, de nouvelles carrosseries apparaissent telles qu’un cabriolet mais surtout un coupé Eclipse transformable électriquement. Cette-dernière est le premier coupé-cabriolet de série au monde. Le système breveté a été conçu par l’ingénieur français Georges Paulin. À côté de la 601 Eclipse, une 401 Eclipse dotée d’un moteur 4 cylindres est lancée. Ces deux modèles sont remplacés par la nouvelle 402 Eclipse au millésime 1936.
La 402 remplace les 401 et 601. Son positionnement intermédiaire sur le marché permet à Peugeot de rationnaliser sa gamme. Elle inaugure le style « Fuseau Sochaux » qui est ensuite décliné sur les moyennes 302, à partir de l’année modèle 1937, et 202, à partir du millésime 1938. Des utilitaires reprennent aussi cette face avant caractéristique comme sur la fourgonnette Peugeot SK3.
Peugeot et le sport automobile
Dès les débuts de l’automobile, la compétition a représenté le premier moyen de promotion des constructeurs. Les premières Peugeot participent à des courses automobiles dès 1894. Entre 1936 et 1938, Peugeot fait courir la 302 Darl’Mat, du nom d’un dynamique concessionnaire parisien de la marque. Cette voiture participe aux 24 Heures du Mans en 1937 et 1938.
Après la seconde guerre mondiale, Peugeot s’illustre essentiellement en rallye, plus particulièrement avec les modèles 404, 204, 504 et 104. L’apothéose est atteinte avec la 205 Turbo 16 Groupe B qui domine le championnat du monde des rallyes entre 1984 et 1986.
Après l’abandon du groupe B, la voiture est engagée en Rallye-Raid. La 405T16 la remplace en 1988. Celle-ci remporte aussi la course de côte américaine de Pikes Peak en 1988 et 1989. En rallye, le flambeau de la 205 est repris par la 306 Maxi dans les années 1990, puis par la 206 WRC dans les années 2000.
Dans les années 1990, Peugeot revient sur les circuits avec la voiture de sport-prototype 905. La Peugeot 905 est classée victorieuse aux 24 Heures du Mans 1992 et 1993. Le flambeau est repris par la Peugeot 908 entre 2007 et 2011 qui remporte Le Mans en 2009.
Dans les années 1990, Peugeot revient sur les circuits avec la voiture de sport-prototype 905. La Peugeot 905 est classée victorieuse aux 24 Heures du Mans 1992 et 1993. Le flambeau est repris par la Peugeot 908 entre 2007 et 2011 qui remporte Le Mans en 2009.
L’après-guerre : la réussite croissante du constructeur sochalien
Pour l’anecdote, signalons que, pendant la guerre, Peugeot a produit une petite voiture électrique pour répondre aux besoins de mobilité urbains et à la pénurie d’essence : la VLV. Cette auto mesure 2,67 mètres de long, possède 80km d’autonomie et atteint la vitesse maximale de 30km/h…avec un overboost à 36km/h…Attention ça décoiffe !
La première Peugeot d’après-guerre entièrement inédite est la monocoque 203. Ce modèle inaugure deux décennies de monoculture produit. La Peugeot 403 vient épauler puis remplacer définitivement la 203 à partir de 1955. En toute logique, la classique Peugeot 404 suit à partir de 1960.
La diversification arrive à partir de 1965 au lancement de la moyenne inférieure 204. Cette voiture est innovante. Ce n’est pourtant pas la première Peugeot à traction avant et quatre roues indépendantes.
Ce privilège revient au fourgon D3/D4, surnommé le « Nez de Cochon ». Ce petit utilitaire a été conçu et lancé par Chenard & Walcker en 1946. Il reçoit le moteur de la Peugeot 202 en 1947 et celui de la Peugeot 203 en 1950. Il s’efface en janvier 1951, remplacé par le Peugeot D3 qui est commercialisé depuis octobre 1950. C’en est alors fini du constructeur Chenard & Walcker qui existait depuis 1900.
Avant de passer en revue quelques prototypes récents de la marque, voici trois modèles mythiques de la marque bien sûr exposés au Musée de l’Aventure Peugeot :
• Les coupés et cabriolets 504, dessinés par Pininfarina qui les produit également entre 1969 et 1983;
• Le haut de gamme 604, ou le retour manqué du constructeur sochalien dans ce segment, 41 ans après la Peugeot 601 ;
• La reine des GTI : la 205 GTI 1.9 qui a détrôné l’initiatrice du mouvement, la Golf I GTI.
Du rêve et du fun pour finir
Nous terminons ce tour d’horizon du musée Peugeot avec quatre concept-cars présentés au cours de salons automobile. Il s’agit de la Quasar de 1984, de la 607 Féline de 2000, de la 907 de 2004 et enfin du concept SR-1 de 2010.
Si les deux premiers apparaissent comme des sportives futuristes, il faut reconnaître que les deux derniers auraient très bien pu être lancés en série. J’avoue un faible pour le roadster SR-1 que je trouve magnifique.
Peugeot est une marque qui véhicule une réputation de sérieux. Pourtant le constructeur n’a jamais hésité à innover et à affronter les épreuves de la compétition automobile. C’est justement sur la base d’une Peugeot 406 de course, engagées en championnat de Tourisme, que le réalisateur Gérard Pirès et le producteur Luc Besson, font de ce modèle la vedette des films Taxi et Taxi 2. Ces voitures sont exposées au musée et apportent une touche sympathique et amusante en rappelant ces deux comédies à succès.
Ainsi se termine notre tour d’horizon du musée de l’Aventure Peugeot à Sochaux qui est à voir assurément.
